11 mars, 2006




ACTIVITES MUSICALES A TEHERAN - 5 et 6 mars 2006
Legende des photos:
1 - concert chez le Conseiller culturel et l'Attachee culturelle
2 - animation a l'ecole francaise de Teheran
3 - Shiva et Parvati, embauches comme porte-instruments le temps d'un concert...

Vu de Chine ou d'Inde, l'etape iranienne s'annoncait malheureusement sans tambour ni trompette. L'ambassade de France ne s'etait a l'epoque pas manifestee, Teheran ne possede pas de centre culturel ni d'alliance francaise, et pour couronner le tout, notre sejour tombait en plein dans le mois de moharram, premier mois endeuille du calendrier lunaire des shi'ites (musulmans d'Iran), qui commemore la mort du martyre Hossein et interdit a ce titre toute fete ou manifestation culturelle publique... L'idee du concert etait donc enterree, et nous nous faisions finalement une raison de cette pause sans concert au milieu de notre tour, apres un sejour en Inde bien (trop!) charge sur ce plan.

Mais peu de temps avant notre arrivee a Teheran, de mysterieux reseaux obscures (et superpuissants) sont animes par la force magique du tour du monde, et jouent en notre faveur: le service culturel de l'Ambassade de France nous demande CDs et biographies.

Grande est notre surprise lors de notre premiere visite au service culturel lorsque nous apprenons qu'un clavecin dort au sous-sol, adosse a la bibliotheque. Je regarde Nathalie les yeux ecarquilles avant de nous rappeler que nous sommes bien en Iran, pays des mille et une nuits...

-"vous pensez eventuellement que je pourrais aller faire trois notes pour le tester?"
-"naturellement, on peut y aller de suite, suivez-moi"

Nous n'en revenons pas. La bete hibernait dans sa housse depuis plusieurs hivers sans doute, et semblait attendre qu'on vienne la reveiller, soumise et silencieuse. Je mele donc avec un plaisir non dissimule le son suave et sirupeux (je vous assure) du Bizzi au doux cliquetis des secretaires qui tapottent sur leurs claviers d'ordinateurs. Le plaisir semble partage et le choix de la date du concert - a condition qu'il soit prive - n'est plus qu'une formalite.

Je ne vous cacherai pas avoir passe un certain nombre d'heures pour rehausser l'epave, et avoir gagne quelques galons en la matiere. Accords et reaccords, taille ou remplacement des becs, reajustage des sautereaux a l'aide des vis de reglage (mes doigts cloqueux en portent encore la trace...), decollage et reglage des etouffoirs en feutre, c'est d'une formule integrale de remise en forme dont avait besoin ce pauvre clavecin egare en Asie centrale! Nous etions tellement heureux qu'il puisse finalement nous offrir en retour notre 'premiere' d'une sonate de Pedrini, importee de Pekin et qui attendait impatiemment dans nos sacs ce jour ou elle serait enfin revelee.

Le concert s'est conclus par un beau moment de musique offert par un joueur de tanbour irannien (instrument a cordes dont la forme et le long manche rappelle celle du setar), 'after' convivial et carrefour des civilisations ou se croisent plusieurs cultures et plusieurs epoques, sous l'oeil bienveillant et complice du couple Parvati-Shiva, ramenes d'Inde par Daniele Wozny et Vincent Grimaud (Atachee culturelle et Conseiller culturel) lors de leur derniere mission dans ce pays.

Deux mots en guise de conclusion sur notre passage a l'Ecole Francaise de Teheran, ou nous avons egalement fais sonner nos pipeaux et grelots, repondant a l'invitation de notre amie Chahla Ebrahimi, professeur de musique.
Les questions a l'issue de notre "la flute a bec au fil du temps" sont diverses et variees:
-"moi mon pere il fait de la guitare depuis 20 ans"
-"moi je suis italienne"
-"pourquoi avez-vous choisi la flute a bec???"

Nous avons fait notre possible pour repondre a ces questions, puis mettre fin a cette presentation dont le clou du spectacle qui a concquis le coeur de notre jeune auditoire fut sans conteste le piano mou en caoutchouc ramene du Japon. Alors que je brandis l'engin nippon, un eleve japonais se sent soudainement pousse des ailes et se leve droit comme un I, tout gonfle par la fierte nationale et par la floppee d'applaudissements provenant de ses camarades amuses.
Je me suis permis de mentionne que cette merveille technologique etait fabriquee en Chine, comme beaucoup d'autres merveilles technologiques japonaise d'ailleurs. Il s'est vite rassis, cedant la gloire et les applaudissement a son camarade chinois, tout etonne de cette gloire inesperee!
Raphael.