08 avril, 2006




ATELIERS A LA FAC DE MUSIQUE DE KHARTOUM - mars 2006
Legendes des photos:
1 - avec les profs de la fac
2 - Nathalie et Kamal, professeur de flute
3 - Raphael et une eleve de piano
4 - (ci-contre) Nathalie et la prof de clarinette travaillent un canon de Telemann

Le temps de prendre chaque jour notre dejeuner au centre culturel avec notre amie Sandra, et nous grimpons dans le pick-up du CCF qui nous emmene a la faculte de musique. Nous avons nos petites habitudes lors de ce sejour a Khartoum. Pour un peu, les reperes de notre planning a la mecanique bien huilee nous offre un debut de routine (hmm... que c'est bon la routine!).

Arrivee a la faculte. Courage, il faut relever les manches et affronter ce long tunnel de 4 heures de cours sous la chaleur caniculaire. L'arrivee au compte-goutte des etudiants, qui s'etale sur une bonne demi-heure nous permet de prendre notre elan. Les choses se mettent en place tout doucement au Soudan, il ne faut jamais etre trop presse!

Le premier jour apres les discours d'ouverture, nous improvisons une sorte de conference sur la sonate baroque: definition, origines, evolution, exemples. Le silence qui nous fait face dans l'auditoire n'est pas vraiment explicite. Soit cela leur passe a 40 kms au-dessus de la tete, soit ils sont profondement passionnes et trop bouleverses interieurement pour manifester quoi que ce soit. Continuons courageusement, nous finiront par comprendre que dans ce pays, les reactions ne sont jamais trop vives!

Pendant que Nathalie travaille de son cote le programme du concert final avec les professeurs, la premiere heure me sert a donner cours individuellement a chaque pianiste sur des pieces de Bach. Well... des bouts de piece en fait. Si l'enthousiasme du professeur de piano (qui traduit pour le reste de la salle) frise a certains moments l'euphorie, les eleves impassibles qui defilent sur l'estrade comme s'il s'agissait d'un echafaud me donnent parfois l'impression de ramer dans de la pate a modeler! Je redouble pourtant d'efforts pour les mettre a l'aise, me faire comprendre, les faire rire parfois. Dur dur! Un jour, une eleve sans doute intimidee se leve en plein milieu du morceau et quitte la piece dans un grand eclat de rire nerveux. Pas de pleurs comme on en trouve parfois en Europe, des rires! Bon... je me tourne stupefait vers le professeur, mi-figue mi-raisin: ... au suivant?

La deuxieme partie de l'apres-midi est consacree a la musique de chambre. Nous beneficions cette annee de plus de temps que l'annee passee, et cela fait du bien de sentir que cette-fois, la sauce prend! Les visages s'illuminent au fur et a mesure de la semaine, lorsqu'on retrouve ici ou la cette meme structure maintenant plus familiere de la sonate baroque. En passant dans les couloirs de la fac, on n'en revient pas d'entendre des walking-bass baroques qui s'echappent des portes entr'ouvertes. Une guitare-reggae, un violoncelle et une contrebasse en pizz autour d'un pupitre qui deroulent des kilometres de basses continues de Haendel, Corelli, Telemann.

Grace a notre fidele amie Laura-bullette (qu'elle soit ici grassement remerciee) qui brave des heures durant les caprices de la technologie pour scanner et nous envoyer par e-mail les partitions de sonates en trio page par page, nous preparons avec les professeurs de la faculte un programme de concert donne devant les etudiants (et journalistes!) le dernier jour.

Le pot d'adieu precedant le concert est un moment emouvant. Apres les discours de remerciements du directeur de l'universite et des professeurs concernes, une eleve se leve spontanement pour nous remercier a son tour de cette semaine d'ateliers. Puis une autre, puis un troisieme... et bientot une vingtaine d'eleves sur la cinquantaine presente qui se levent un par un pour nous dire quelques mots d'adieu et de remerciements. Il nous faut contenir la larme et faire bonne figure, car nous jouons dans quelques minutes...

Raphael.