08 avril, 2006









UNE VIE SOCIALE PRESQUE NORMALE (Lettre à Sandra Bartmann) - mars 2006
Légendes des photos:
1 - les bords du Nil, sur l'île de Tutti
2 - jeunesse soudanaise en tutu
3, 4 et 5 - le cirque des clowns sans frontière
6 - Nathalie, animatrice a l'école française de Khartoum
7 - au souk d'Omdurman
8 et 9 (ci-dessus) repas chez Dafalla, avec Sandra.

L'île de Tutti au coeur de Khartoum est l'exeption qui confirme la règle: le Soudan se situe bien dans une zone désertique sub-saharienne asséchée, suffoquante et assoiffante. Mais l'île de Tutti au carrefour des Nils est l'oasis qui raffraichît l'esprit: la ville distanciée, le temps ici semble suspendu. Les jeunes poussent le ballon, les vieux regardent le soleil se coucher. Les champs verdoyants s'étendent outrageusement de tout leur long sur la surface de l'ile, rythmant l'espace comme les barres de mesure sur la partition d'une valse opulente. La végétation luxuriante (si si) nous ferait presque oublier le climat hostile et la difficile réalite de la vie au Soudan. Il s'en faudrait de très peu pour que Tutti n'ai rien à envier à Cythère, sa soeur et seule rivale. Ici, la terre vous veut du bien et vous fait l'entendre, elle offre dans son verger ses fruits les plus savoureux. Tu avais raison Sandra, la forêt de Tutti (quelques arbres au beau milieu) est bien son plus bel atout. Les oiseaux colorés qui en sortent invitent à la baignade et parachèvent le tableau bucolique de cette promenade pré-dominicale.

Seule ombre au tableau, les chèvres de Tutti ont des queues trop longues. Ratées les chèvres. Pan. Ça ballotte de tous côtés, ça pendouille entre les pates arrière. Ça ne sert à rien. C'est moche et croûteux.

Tutti, c'est un peu comme le goût de la cerise en Iran, comme un Mac Do en Chine ou une soirée mondaine en Inde... Ces mirages sucrés qui vous donnent un léger arrière-goût de nostalgie.

Ou, plus improbable encore, comme ces clowns sans frontière qui débarquent au milieu du Soudan dans un centre pour enfants handicapés. En deux temps trois mouvements le décor est planté, le rêve déployé. Il fallait voir ces visages qui s'eclairent chez ces enfants qui n'ont pas idée de ce qu'un "spectacle" veut dire.

De la garden-pizza à la charlotte aux fraises,
en passant par la gratinade dauphinoise et la terasse du café Ozone.
Tarte aux gencives et gueules de boucs,
Karkade et Tabaldi à volonté,
cocktails de soirées
qui s'enchaînent sans se ressembler.

Mais ces plaisirs furtifs ne trompent qu'un instant.
Le séjour est fini il faut repartir.
Le coeur est gros.
On a bien ri comme jamais on a ri dans notre voyage.

Merci!

Raf et Nat.