ACTIVITES ET RECHERCHES MUSICALES A PEKIN
Legendes des photos:
1 - La Cite Interdite
2 - en sortant de la Cite, vue sur la place Tien an men et le mausolee de Mao
3 - l'eglise de Beitang, eglise des missionnaires italiens puis francais
4 - concert a l'Ambassade de Belgique, le 7 decembre 2005
5 - affiche du concert a l'universite de Beida, le 10 decembre 2005
6 - salle de concert de l'universite de Beida (avant le concert)
7 - la grande muraille
8 - un quartiers de hutongs, pres de la cite interdite
Avant d'arriver et de connaitre Pekin, cette ville nous offrait la perspective des deux concerts a y donner, et une halte reposante de 13 jours au meme endroit (13 jours sans bouger, une premiere!), parmi les sites un peu mythiques qui font la -bonne ou mauvaise- reputation de cette capitale. En realite, nous sommes repartis combles au-dela de nos esperances par notre sejour dans cette capitale (jing) du nord (Bei).
Curieusement, les premiers jours passes a Pekin nous donnent enfin la sensation d'etre en Chine, alors que nous y etions en fait depuis deja deux semaines. Chengde nous aura finalement servi de purgatoire mi-figue mi-raisin entre Shanghai, modele (ou anti-modele) de developpement exacerbe, et Pekin sereine, souveraine et imperiale. L'immense privilege d'etre heberge pendant cette periode par le secretaire de l'ambassade de Belgique, Gianmarco, nous offre un (re)confort que nous avions presque oublie. Nous ne tardons pas a nous procurer deux velos, moyens de locomotion facilitant les longs deplacements sur les grandes arteres ou les petites ruelles de la ville, et les rendant presque agreables (vent glacial et -10 degres).
Commence rapidement pour nous une semaine de recherches, frisant certains jours l'enquete policiere, sur les traces des premiers missionaires presents a la cour de l'empereur, et notamment la presence d'instruments a claviers europeens entre1609, date du don d'un clavicorde par Matteo Ricci a l'empereur, et 1793, mort du pere Amiot, dernier claveciniste (francais) a la cour. Ce passe riche en echanges culturels entre l'Europe et la Chine donne a notre presence des raisonnances toutes particulieres, a la fois passionnantes et vertigineuges. Il nous est pour le moins troublant de prendre conscience du fait qu'il n'y ait apparemment qu'un ou deux clavecins aujourd'hui a Pekin, alors qu'il y en avait dans chacun des appartements de l'Empereur Kangxi au debut du XVIII (8,10, 15?) et peut-etre egalement dans les residences imperiales en-dehors de Pekin (Chengde). Retour en arriere donc, sur une terre ou nous sommes loins d'etre les pionners (y compris sur le terrain des recherches...). C'est a ce moment que Teodorico Pedrini, missionaire italien, compositeur et claveciniste de l'Empereur fait son apparition a la cite interdite, apres un long periple de pres de dix ans qui le fait traverser les conquetes espagnoles du continent americain avant d'atteindre sa destination finale. La seule oeuvre qu'il nous reste de lui est son Opus III, douzes sonates pour violon et basse continue ecrites en suivant le modele corellien. Pedrini aurait-il connu Arcangelo Corelli a Rome avant son depart en 1700?...
Nous parvenons in extremis, et apres maints efforts, a mettre la main sur la partition de ces sonates, avec la belle perspective de les jouer ici ou la sur notre route (concert a Bombay), puis a notre retour en Europe.
Les deux concerts a Pekin nous ont laisse un souvenir tres marquant. Le personnel de l'Ambassade de Belgique etait a nos petits soins pour la preparation du premier concert le 7 decembre: location, premier et second accord du piano, salle de reception metamorphosee en salle de concert grace -entre autre choses- aux portaits royaux accroches sur nos tetes, aux plantes vertes disposees ici et la sur la scene, cette derniere bordee de petites chandelles... et le tout biensur couronne par une reception marquee par le bon gout du maitre de maison. Le second concert, organise par le "camp" francais dans un cadre tres different (la salle de concert de l'universite de Beida), nous a permis de ressortir notre bon vieux programme "au fil du temps" (renouvele a 80%!) devant un large public (pres de 300 personnes) de familles et d'etudiants.
Nous repartons donc de Pekin avec la sensation d'y avoir laisse quelques plumes et un peu de nous-meme. Comme ces coups de coeur qui ne laissent pas indemnes, cette ville semble nous avoir tant donne en retour, jusqu'aux promesses de lendemains...
Raphael.
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