01 juin, 2006


AVENTURE FLORES - le 24 mai 2006

Pour une fois qu'on s'était offert une petite folie en amoureux!!! Un voyage en bus luxueux -6 etoiles- de la compagnie "Cruz Del Sur", pour nous acheminer de Cuzco à Arequipa.

En arrivant au terminal Cruz del Sur d'où partent les bus: "Grève et routes bloquées!!" Ca c'est bien notre veine!...Depart du bus annulé pour un temps indeterminé.
Le problème c'est qu'on est sensés donner un concert le lendemain à Arequipa...
On fonce en catastrophe au terminal des bus deuxième classe pour se dégotter deux tickets dans une compagnie pouilleuse "Flores" (il ne faut pas se fier au nom). C'est la seule compagnie qui n'a pas annulé le trajet, ce qui est un peu louche, j'en conviens. Mais nous n'avons pas le choix!!!

Premiere constatation un peu pénible: nous sommes visiblement dans un bus qui abrite toute une promo d'une fac de droit. Bref, nous sommes les seuls à bord qui ne font pas partie de cette institution.
Canettes de bières, bouteilles d'alcool traversent de droite à gauche les rangées du bus en nous passant sous le nez. Les jeunes déchaînés chantent, crient et rient sans aucun scrupule et les décibels montent au fur et à mesure que le temps passe et que les bouteilles se vident. Même le responsable n'arrive plus à tenir son troupeau et va s'assoir penaud auprès du conducteur.
Chercher le sommeil au millieu de ce vacarme n'est pas une chose facile pour ne pas dire impossible, malgré notre bonne volonté. Les boulles quies de la compagnie South African Airlines que j´avais gardées précieusement ne sont pas assez puissantes!


Mes nerfs commencent à monter en boulle et, prise d'une rage hystérique et un agacement sans précédent {j'aurais bien etranglé tout le monde à ce moment là!} j'ai émis de toute la force de mes babines accompagné de l'impulsion dentaire, le plus grand: CHHHHHHHUUUUUUUUUTTTTTT de toute ma vie.

Aujourd 'hui, je ne sais pas encore si j'ai bien fait car ce fut tout de même une remarquabe humiliation.
Tout le groupe post pubère a non seulement commencé à rire de cette "pimbèche vieux jeux" (moi), mais en plus j'ai eu droit à une imitation en canon du CHUUUUUT que je venais d'emettre du fond de mes tripes. Je vous donne un peu la couleur de la demi-heure qui a suivi l'incident:

CHUUUUUUUUTT CCCCHHHHHHHHHUUUUUUUTTTT
chhhuuuch cchhhhuuuuuutt

CHUT CHUT CHUT CHUT

CHHHHHHHHHUUUU CCCHHHUUUUUUUUUUU CHUUUUUU

tchhhhh tchhhhh cthhhhhh cthhhhhhh cthhhhhhh cthhhhhhh cthhhhhhh cthhhhhh cthhhhh
tchi tchi tchi tchi tchi tchi tchi tchi tchi tchi tchi tchi tchi tchi

Tout a coup les voix muantes s'arrêtent net!
Les jeunes s'abaissent et mettent des couvertures et manteaux sur leur tête.
Un silence de stupeur reigne...
Nous nous abaissons aussi quelque peu pour ne pas nous faire à nouveau remarquer.
On peut apercevoir par la fenêtre, une rangée de camions allignés sur le rebord de la route. Le moniteur de la fac, un peu tendu, demande à tout le monde de fermer les rideaux.
Mais de quoi ont-ils si peur?
Le bus avance de plus en plus lentement... Nous flairons le danger mais de quoi s'agit-il vraiment? Mon coeur bat à tout rompre. Dans quel petrin sommes-nous encore allés nous fourrer?

Subitement... BANG!!!!!!! un bruit fracassant nous fait tous sursauter. Le bus prend de la vitesse pour aller finalement se ranger sur le rebord de la route quelques quilometres plus loin.
J'entend: Piedras...... piedras... ce mot nétait pas dans les 10 premieres leçons de l´assimil d´espagnol mais cela ressemble assez bien à "pierre"... Nous voila au fin fond du Pérou, coincés au beau milieu d'une guérilla à deux doigts d'être pris en otage!


Raphael tire le rideau de quelques centimètres pour voir ce qui se profile à l´exterieur. C´est alors que nous remarquons que notre vitre est fissuree en 1000 morceaux.
Il a évidemment fallu que cela tombe sur nous!! Le conducteur, la face décomposée, vient constater l'état de la casse et la main sur le front, essaie de discerner si dans la campagne avoisinante, un village pourrait nous servir de gîte, le temps de trouver une solution de rechange.
Les arbres et fougères dansent , poussées par le vent qui se réveille mais malheureusement, aucun signe de vie humaine n´est visible de la où nous sommes.

Le bus se met à ronronner de nouveau comme si rien ne s'était passé. On aurait meme pu oublier cet incident malencontreux si à peine quelques minutes plus tard, la fenêtre ne s'était pas écroulée avec fracas. Une moitié à l'exterieur du bus et l´autre moitié sur nos genoux...
Le froid glacial de la nuit s´introduit violemment dans la cabine qui devient rapidement un congelateur. Frigorifiés de la pointe des orteils jusqu'au bout de nos cheveux, on se prepare à passer les 8 dernières heures de notre voyage jusqu'à Arequipa éveillés dans le froid. Heureusement que Raphael est là pour me réchauffer le bout des orteils que je ne sentais deja plus...

De temps en temps, le moniteur refait son apparition pour nous dire de mettre les couvertures et manteaux sur la tête. Geste que nous répétons plusieurs fois sans broncher. La seule difference c´est que cette fois il n´y a plus de fenêtre pour nous proteger.
De toute facon, au point ou on en est!!!

Un leger coup d´oeil a travers le parre brise nous laisse entrevoir d´enormes blocs de pierres disposés de manière éparses sur la route. Cela devient du slalom de compétition!!! Ceci dit, un violent coup de volant nous projette tous de l´autre cote du bus. On a bien cru que c'était le dernier!

Des personnes rencontrées les jours suivants nous ont confirmé que Flores est bel et bien LA compagnie bon marché tout terrain qui ne recule devant rien et qu´il faut à tout prix éviter!!!

Nathalie.