15 mai, 2006

SUR LE CHEMIN DE LA TARCA - 10 mai 2006

Tout a commence a Potosi, petite ville Bolivienne perchee dans les hauteurs andines a 4100 metres d'altitude. Au 18e siecle, Potosi etait une des villes les plus importantes d'Amerique latine, les conquistadors y avaient trouve une gigantesque mine d' argent.

Nous avons eu la chance d'y rencontrer Enrique Godoy, un facteur d'orgue, qui nous aiguille rapidement sur la personne d'Arnaud Girard, musicologue belge habitant la ville depuis une quarantaine d'annees. Arnaud Girard centre son travail de recherche sur toutes les flutes droites des Andes, et tout particulierement sur la "Tarca", flute des minorites. (cf photos)

La tarca se joue de maniere un peu particuliere. On n'y souffle pas comme dans une flute a bec!! La technique de cette flute necessite beaucoup plus de pression dans l' air afin d'obtenir le "tara", battement dans le timbre qui vient se nicher dans le multiphonique strident. La tarca se joue toujours en " tropa": groupe de 6-8-12-16-24 personnes suivant l'importance de l'evenement, qui font sonner ces instruments en mouvements paralleles (doigtes identiques) a la quarte, quinte, tierce et octave en meme temps!

Arnaud Girard nous fait visiter sa caverne d'Ali baba qui recele des centaines de tarcas de tailles differentes rassemblees en tropas. Raphael, excite comme un enfant, se dirige immediatement vers l'etallage des guitares qu'il gratouille unes par unes.
Arnaud nous recommande un village non loin des rives du lac Titicaca appele "Wapata Grande", dans lequel vit 300 habitants, chacun d'eux construisant et jouant des flutes andines. Le responsable de la cooperative s'appelle Esteban Uri. Cette information ne tombe, bien sur, pas dans l'oreille d'un sourd, et il nous faudra absolument decouvrir ce lieu unique...

Deux semaines plus tard, et apres l'episode du festival de Chiquitos et du tour avec les parents de Raf, nous est offert la possibilite de nous rendre sur place. Le lieu recule n'etant pas deservi par les transports en commun, c'est en jeep que nous ferons alors notre expedition accompagnes par Rene, le chauffeur.

Nous avancons lentement sur les routes escarpees de la montagne, les petits villages defilent sous nos yeux mais nous grimpons toujours plus haut pour finalement voir se dessiner au loin le petit village de Wapata Grande sur fond de lac Titicaca.

Notre arrivee dans le lieu tant attendu n'est pas tres triomphant: pas une ame qui vive, ni dans les ruelles, ni dans les chaumieres! Tout juste un chien galleux et un lamas ebouriffe... Un peu plus bas tout de meme, un petit garcon se bat pour essayer de ramener deux mullets tetus au village. L'un d'eux, paresseux, decide de rester sur place pour un temps indetermine, tandis que l'autre beaucoup plus agite et fourbe joue a cache-cache derriere les huttes en terre.

Rene lui demande en quechua (langue de la minorite) ou sont les habitants du village. C'est le jour de la recolte des patales douces sur le plateau. Une jeune bergere qui passe par la, les tresses au vent et le panier a la main, nous propose de nous conduire a l'endroit de la recolte. Elle prend place a l'avant du vehicule et diffuse instantanement dans la voiture une odeur nauseabonde... (un savant melange de lait caille et de poulaille pour ceux qui souhaiteraient la reconstituer).

Une fois arrives sur la plateau reste a trouver notre homme... Le tableau offert par tout le village present sur cette enorme superficie est saisissant! Toutes les petites touches de couleurs disseminees au pied d'un pic enneige retournent leur perimetre de terre attribuee.

Apres etre passes d'une famille a l'autre, nous arrivons finalement a celle d'Esteban Uri que nous embarquons illico dans le taxi.

Nous filons immediatement avec lui a la cooperative ou, en raclant les fonds de tiroirs, il parvient a reunir tant bien que mal 4 flutes andines poussiereuses dont deux inachevees et une sculptee en totem Inca destinee aux touristes...

J ai un peu honte de vous avouer que j ai opte pour celle-la!



Nathalie.