26 décembre, 2005




LA MUSIQUE AU YUNNAN

Legendes des photos:
1 - Orchestre de "musique ancienne" de Lijiang
2 et 3 - Flutiste de l'ethnie Jinuo, Xishuanbanna
4 - Rencontre avec Wu Xueyuan a Kunming

Difficile de parler d'UNE musique du Yunnan, cette province du sud de la Chine, qui s'etend sur pres de 400 000 km2 (France 550 000 km2) et compte plus de 20 minorites differentes... a moins de passer trente annees de sa vie a ecumer les quatre coins de cette region du globe pour y recenser musiques et instruments. Un court sejour comme le notre permet, outre quelques rencontres inoubliables, de se faire une idee sur la question.

Notre sejour au Yunnan commence a Kunming, la capitale, avec la rencontre de Wu Xueyuan. Lors du rendez-vous qu'il nous donne a l'universite de musique et armes de la traditionnelle traductrice, il a la gentillesse d'accepter de repondre a nos questions et de guider nos recherches. En commencant les siennes sur les ethnies en 1964, Wu a l'avantage non negligeable d'avoir passe plus de quarante ans de sa vie a repertorier les differents instruments du Yunnan... C'est donc avec aisance et brio qu'il se lance dans l'inventaire des flutes droites de la province, dessins a l'appui. Nous repartons un peu deboussoles avec quelques noms sous le bras, qui pourraient tout aussi bien etre des noms d'oiseaux pour nous: Bie tsu, Bie bie, Zhi li, Le Katu... Ces quelques elements nous decident tout de meme a mettre le cap sur le sud et les terres tropicales du Xishuanbanna.

Comme l'explique Nathalie dans son texte sur Yilan, la musique est nulle part, la musique est partout. Nous avons beaucoup de mal a rencontrer des musiciens. Contrairement a la Mongolie ou au Japon, le statut de musicien n'existe pas en tant que tel, et lorsque nous parvenons a rencontrer un flutiste Jinuo (ethnie du Xishuanbanna), nous avons la chance qu'il ne soit pas au travail des champs aux abords de la ville. La rencontre se fait a une vitesse fulgurante: apres une joute flutistique et un partage des connaissances, Nathalie se fait offrir pour la troisieme fois une flute! (a quand mon clavecin...).

La seconde partie de notre sejour se passe plus au nord, dans les villes de Dali et finalement Lijiang. Nous avions repere cette destination allechante depuis plusieurs semaines deja, depuis l'acquisition du guide Lonely planet Chine (au japon). Celui-ci proposait un encart sur l'orchestre traditionnel Naxi de Lijiang, un orchestre qui restitue sous la direction du tres charismatique Xuan Ke des musiques des dynasties Han, Song et Tang, perdues partout ailleurs en Chine, et interpretees sur des instruments originaux (ce dont nous doutons fortement!). Avouons que presente comme cela a deux musiciens baroques vagabondant a la recherche d'echanges musicaux, l'hamecon est efficace! Mais les conseils des guides de voyages a gros tirages sont parfois a double tranchant, et l'orchestre -qui joue 364 jours par an!- propose un joyeux spectacle-pot-pourri a destination des touristes de passage.
Le peu de temps passe a Lijiang ne nous a pas laisse la possibilite d'approfondir le contact avec ces musiciens octogenaires, et peut-etre comprendre comment a ete constitue ce repertoire comprenant a la fois des chants tibetains, des musiques rituelles taoistes (les plus impressionnantes) et des musiques populaires Naxi. Peu importe, ce concert valait bien une messe de Noel, et nous avons mis de cote, le temps d'un instant, nos casquettes de musiciens vagabonds pour profitter pleinement des musiques qui nous ont ete offertes.

Raphael.