19 janvier, 2006







UNE SOIREE CHEZ BACARDI
Legende des photos:
1 - L'hotel Taj Mahal de Bombay
2 - Jean-Jacques Goldman de la Renaissance
3 - cocktail glamour
4 et 5 - stars de Bollywood
6 (ci-contre) - Reine d'un soir...

La couleur est donnee lors de notre premiere entrevue avec Depak Bedi, "sales promotion manager" avec qui nous discutons dans le lounge de l'hotel des termes de notre engagement pour la soiree de lancement de la vodka francaise Grey Goose. Le decor feutre et l'atmosphere select nous offre, outre une vue victorienne sur la baie de Bombay, quelques rafraichissements dont seuls les prix nous effraient. Avant-gout d'une soiree prometteuse.

Le filon nous est refile par le directeur de l'alliance francaise de Bombay, dont Bacardi semble etre un partenaire financier important. La soiree Bacardi se passera dans la discotheque du Taj Mahal Hotel, etablissement luxueux construit en 1903 dans le pur style victorien, devenu veritable embleme de l'ere du Raj, l'empire britannique des Indes. Il y aurait le gratin de la creme, le top-end de Bombay -"that means top end of India"- et stars de Bollywood, la jet-set, les vedettes et tout le show-biz reunis. Oui mais voila, des stars de Bollywood (surnom donne a Bombay, capitale de l'industrie cinematographique la plus importante du monde), on n'en connait pas des masses. La seule soiree qu'il nous reste de libre entre notre concert et la bacardi-party nous servira a palier notre manque de culture generale indienne et tenter de memoriser les tetes qui defilent sur notre ecran-TV, apres avoir loue deux DVDs et commande deux spaghet'bolos au room-service de notre chambre d'hotel.

La discotheque insomnia de l'hotel doit se transformer en lounge (quel mot genial, prononcez la-onedge) avec un decor bacardisant de tous cotes: la creme du gratin evoluant dans un labyrinthe envoutant, decor savemment etudie: ecrans-tele diffusant en boucle des clips sur les volcans d'auvergne, on s'attendrait presque a voir debouller VGE (la vodka est censee venir de France), sofas en duvet de plume, fontaines de vodka et cocktails multicolores dans chaque recoin, eclairage tamise filtre par les bouteilles de Grey Goose hautes de 1 metre, buffet caviard et tartelettes-choco. A 21h00 petantes, alors que la soiree est censee commencer, les platriers encore la s'agittent dans tous les sens, les fils electriques pendent de partout, et de gigantesques morceaux de decor se deplacent d'un bout a l'autre de la boite de nuit dans un nuage de poussiere.

Qu'a cela ne tienne, au moment venu et pares de nos plus belles tenues de gala (nous avions du prealablement rassurer Deepak sur notre accoutrement, n'ayant rien d'intermediaire entre les loques-lambeaux de routards et la tenue de concert), nous prenons donc tres au serieux notre engagement de musiciens d'ambiance et respectons a la lettre les consignes du chef: musique genre un peu douce, background de fond easy-listening a tendance country francaise smooth (yes, very smooth) de 21h30 a 22h30, puis une demi-heure de musique un peu plus nerveuse avant que le DJ vienne prendre le relais a 23h00. Mais voila, apres s'etre egosille pendant plus de 3/4 d'heure, la copine filiforme et francophone du DJ vient nous voir par l'arriere de la scene et nous chuchotte discretement a l'oreille: "euh... si vous voulez vous pouvez vous reposer... il n'y a encore personne...". Trop habitues a ne laisser que quelques minutes d'indulgence a un public qui tarde a venir... "J'ai terriblement pitie de nous", me souffle alors Nathalie. La suite de la soiree se faisant de plus en plus decontractee, nous glissons doucement de la scene au buffet, puis du buffet au bar, sous l'oeil amuse de notre chef-promotion-manager, dont l'indulgence semble s'accroitre au fur et a mesure des cocktails ingurgites.

Cette soiree met fin a notre episode bombesque, au cours duquel nous avons evolue comme deux pachas dans le luxe et le confort sans complexe: il faut de tout pour faire un tour du monde, et nous reprendrons le lendemain nos 30 heures de train pour retrouver la faune autrement singuliere de Pondichery, encaques dans nos compartiments pouilleux, tellement loins des cremes et des gratins...

Raphael.