18 octobre, 2006

LE RETOUR - juin / octobre 2006

Quelques mois se sont écoulés depuis notre retour fin juin dernier, sans que nous vous ayions tenu au courant... L'aventure de MUSIQUE VAGABONDE, rencontres musicales dessinées sur une année de voyage autour du monde, s'achevait pour nous le 21 juin dernier, fête de la musique, et jour de notre vol de retour La Havane - Paris. (Nous sommes donc bel et bien rentrés, pour ceux qui en doutaient encore!) Et depuis ce jour, nous essayons de comprendre, réaliser, digérer, exprimer, formuler, nous raccrocher, nager, survivre, rejouer, retrouver, recontacter, ne pas déprimer, ne pas déprimer, ne pas déprimer, ne pas déprimer...
un vaste programme!

Si la boucle est bien bouclée, le blog, en revanche, est resté "bloggé" au Pérou, dans les hauteurs andines aréquipaines. Pardonnez ce retard, il nous reste encore à vous relater les aventures plus océaniques de Lima, et l'accueil - arrosé de "Pisco sour" - que nous a reservé le conservatoire de musique. Puis encore celles vécues à Cuba: les voitures rutilantes de La Havane, les sensuelles salsas de Trinidad, les pluies torrentielles de Santiago de Cuba à l'est de l' île, notre rencontre avec Enrique, et enfin, peu avant de partir, le concert donné devant 10 personnes dans une église de la vieille Havane, alors qu'un ouragan inonde la capitale cubaine...

Peut-être préférons-nous rester dans l'inachevé, l'indécis, laissant dans nos têtes la porte ouverte pour de nouvelles escapades musicales. Refuser l'heure des bilans et des grandes phrases. Les récits viendront pourtant, c'est certain, et les photos suivront, il le faut. La musique de son coté, poursuit son chemin, sans jamais s'arréter.

En attendant, nous pouvons toujours parcourir ces aventures passées pour mieux rêver à celles à venir...
Je rappelle que ce blog peut se lire de bas en haut pour une lecture chronologique, les aventures vécues au début du voyage apparaissent tout en bas, les plus récentes ci -dessous.

Raphaël et Nathalie.

(photo: "musique baroque et divertissements chinois à la cour impériale de Chine", concert donné le 29 juillet 2006 dans le cadre du festival Itinéraire Baroque en Périgord).

01 juin, 2006

LA FLUTE A BEC A AREQUIPA - fin mai 2006

Il est surprenant de découvrir à quel point, même au bout du monde, on est susceptible de rencontrer des flûtistes à bec! Je m'excuse auprès des habitants d'Arequipa de considérer leur bourgade comme le bout du monde mais, venant de Belgique, ce n'est tout de même pas la porte à coté! De plus, nous n'y arrivons pas sans déboires. Il faut accepter de se prendre quelques pierres sur la tête (cf plus bas l'aventure en bus "Flores"). Tout ceci dit: le jeux en vaut la chandelle, nous reviendrons dés que nous le pourrons!!

La ville est charmante. Elle offre au visiteur son lot de maisons coloniales, tantôt blanches ou vivement colorées, toutes très bien restaurées. Ce petit paradis terrestre se situe pourtant sur une plaque sismique en activité! Combien d'églises et de maisons ont été construites et reconstruites au fil du temps. En 2001, un terrible tremblement de terre ravage encore une fois une grande partie des habitations de la ville. Plusieurs fois par jour, les mouvements du sol nous rappellent qu'il ne dort pas d'un sommeil très paisible à Aréquipa! En ce qui me concerne, à chaque fois que je sens le moindre grésillement sous mes sandalles: bran-le-bas de combat, alerte rouge, je m'encoure à toute allure sous un porche sécurisé, une poutre solide ou un battant de porte! Les habitants de la ville, habitués à ce quotidien un peu mouvementé gardent leur sang froid et continuent leurs activités, sans même plus y prêter attention.

Alejandra Lopera et son mari habitent dans une splendide demeure qui surplombe la ville. C'est ici même que la flûte à bec résonne quotidiennement et qu'un magnifique clavecin trône dans le salon. Une belle chambre d'amis nous est réservée et tenez-vous bien... la nouvelle qui transforme notre séjour: on a TV5 dans la chambre!
Il faut quand même faire bonne figure devant nos hôtes et ne pas rester vautrés trop longtemps devant la chaine francophone, ni oublier la perspective du concert au centre culturel allemand le lendemain de notre arrivée.

Le jour venu, un camion des plus ruraux (le stade juste avant la moissonneuse-batteuse) vient embarquer le clavecin pour l'acheminer à l'auditorium...

Grâce à la campagne de publicité soutenue opérée par Alejandra (émission télé, affiches dans toute la ville, conférence de presse...), les gens affluent en masse pour venir écouter nos arabesques baroques et autres volutes d'époque. Toutes les salles attendantes ont dû être ouvertes (bibliothèque, galerie, patio) pour augmenter la capacité d'acceuil! Ceci ne suffit malheureusement pas, et 5 minutes avant notre entrée sur scène, les gens se battent encore aux grilles d'entrée qui avaient dû être fermées pour des raisons de sécurité.

Le dernier soir, alors que je me réjouissait de profiter une dernière fois de TV5, me voila embarquée dans une n'ième masterclasse de flûte à bec à laquelle je ne peut bien sûr me soustraire... Les trilles, seconds doigtés et technique du pouce auront finalement raison des distractions de la télévision!

Nathalie.



AVENTURE FLORES - le 24 mai 2006

Pour une fois qu'on s'était offert une petite folie en amoureux!!! Un voyage en bus luxueux -6 etoiles- de la compagnie "Cruz Del Sur", pour nous acheminer de Cuzco à Arequipa.

En arrivant au terminal Cruz del Sur d'où partent les bus: "Grève et routes bloquées!!" Ca c'est bien notre veine!...Depart du bus annulé pour un temps indeterminé.
Le problème c'est qu'on est sensés donner un concert le lendemain à Arequipa...
On fonce en catastrophe au terminal des bus deuxième classe pour se dégotter deux tickets dans une compagnie pouilleuse "Flores" (il ne faut pas se fier au nom). C'est la seule compagnie qui n'a pas annulé le trajet, ce qui est un peu louche, j'en conviens. Mais nous n'avons pas le choix!!!

Premiere constatation un peu pénible: nous sommes visiblement dans un bus qui abrite toute une promo d'une fac de droit. Bref, nous sommes les seuls à bord qui ne font pas partie de cette institution.
Canettes de bières, bouteilles d'alcool traversent de droite à gauche les rangées du bus en nous passant sous le nez. Les jeunes déchaînés chantent, crient et rient sans aucun scrupule et les décibels montent au fur et à mesure que le temps passe et que les bouteilles se vident. Même le responsable n'arrive plus à tenir son troupeau et va s'assoir penaud auprès du conducteur.
Chercher le sommeil au millieu de ce vacarme n'est pas une chose facile pour ne pas dire impossible, malgré notre bonne volonté. Les boulles quies de la compagnie South African Airlines que j´avais gardées précieusement ne sont pas assez puissantes!


Mes nerfs commencent à monter en boulle et, prise d'une rage hystérique et un agacement sans précédent {j'aurais bien etranglé tout le monde à ce moment là!} j'ai émis de toute la force de mes babines accompagné de l'impulsion dentaire, le plus grand: CHHHHHHHUUUUUUUUUTTTTTT de toute ma vie.

Aujourd 'hui, je ne sais pas encore si j'ai bien fait car ce fut tout de même une remarquabe humiliation.
Tout le groupe post pubère a non seulement commencé à rire de cette "pimbèche vieux jeux" (moi), mais en plus j'ai eu droit à une imitation en canon du CHUUUUUT que je venais d'emettre du fond de mes tripes. Je vous donne un peu la couleur de la demi-heure qui a suivi l'incident:

CHUUUUUUUUTT CCCCHHHHHHHHHUUUUUUUTTTT
chhhuuuch cchhhhuuuuuutt

CHUT CHUT CHUT CHUT

CHHHHHHHHHUUUU CCCHHHUUUUUUUUUUU CHUUUUUU

tchhhhh tchhhhh cthhhhhh cthhhhhhh cthhhhhhh cthhhhhhh cthhhhhhh cthhhhhh cthhhhh
tchi tchi tchi tchi tchi tchi tchi tchi tchi tchi tchi tchi tchi tchi

Tout a coup les voix muantes s'arrêtent net!
Les jeunes s'abaissent et mettent des couvertures et manteaux sur leur tête.
Un silence de stupeur reigne...
Nous nous abaissons aussi quelque peu pour ne pas nous faire à nouveau remarquer.
On peut apercevoir par la fenêtre, une rangée de camions allignés sur le rebord de la route. Le moniteur de la fac, un peu tendu, demande à tout le monde de fermer les rideaux.
Mais de quoi ont-ils si peur?
Le bus avance de plus en plus lentement... Nous flairons le danger mais de quoi s'agit-il vraiment? Mon coeur bat à tout rompre. Dans quel petrin sommes-nous encore allés nous fourrer?

Subitement... BANG!!!!!!! un bruit fracassant nous fait tous sursauter. Le bus prend de la vitesse pour aller finalement se ranger sur le rebord de la route quelques quilometres plus loin.
J'entend: Piedras...... piedras... ce mot nétait pas dans les 10 premieres leçons de l´assimil d´espagnol mais cela ressemble assez bien à "pierre"... Nous voila au fin fond du Pérou, coincés au beau milieu d'une guérilla à deux doigts d'être pris en otage!


Raphael tire le rideau de quelques centimètres pour voir ce qui se profile à l´exterieur. C´est alors que nous remarquons que notre vitre est fissuree en 1000 morceaux.
Il a évidemment fallu que cela tombe sur nous!! Le conducteur, la face décomposée, vient constater l'état de la casse et la main sur le front, essaie de discerner si dans la campagne avoisinante, un village pourrait nous servir de gîte, le temps de trouver une solution de rechange.
Les arbres et fougères dansent , poussées par le vent qui se réveille mais malheureusement, aucun signe de vie humaine n´est visible de la où nous sommes.

Le bus se met à ronronner de nouveau comme si rien ne s'était passé. On aurait meme pu oublier cet incident malencontreux si à peine quelques minutes plus tard, la fenêtre ne s'était pas écroulée avec fracas. Une moitié à l'exterieur du bus et l´autre moitié sur nos genoux...
Le froid glacial de la nuit s´introduit violemment dans la cabine qui devient rapidement un congelateur. Frigorifiés de la pointe des orteils jusqu'au bout de nos cheveux, on se prepare à passer les 8 dernières heures de notre voyage jusqu'à Arequipa éveillés dans le froid. Heureusement que Raphael est là pour me réchauffer le bout des orteils que je ne sentais deja plus...

De temps en temps, le moniteur refait son apparition pour nous dire de mettre les couvertures et manteaux sur la tête. Geste que nous répétons plusieurs fois sans broncher. La seule difference c´est que cette fois il n´y a plus de fenêtre pour nous proteger.
De toute facon, au point ou on en est!!!

Un leger coup d´oeil a travers le parre brise nous laisse entrevoir d´enormes blocs de pierres disposés de manière éparses sur la route. Cela devient du slalom de compétition!!! Ceci dit, un violent coup de volant nous projette tous de l´autre cote du bus. On a bien cru que c'était le dernier!

Des personnes rencontrées les jours suivants nous ont confirmé que Flores est bel et bien LA compagnie bon marché tout terrain qui ne recule devant rien et qu´il faut à tout prix éviter!!!

Nathalie.
ELYAS VARGAS, FACTEUR DE CHARANGOS - 24 mai 2006

Elyas Vargas
concasse et fracasse
sans se lasser
des masses de bois
qu'il fait chanter.

Tailleur de bois le matin
Vendeur de quoi de certain?
Il arpente en fin de journée
Les rues pavées de la cité
Dans l'espoir de rentrer delesté
De sa guitare à cordes pincées.


Les charangos et flûtes de pan,
Taillés dans le bois de la fraternité
sont soumis au jugement du touriste passant,
tantot pressé, hesitant ou charmé.



Le quotidien d'une famille à élever ne peut pas entendre la deception d'un retour bredouille.

La musique et les sourirs colorés aident un peu à oublier

Mais demain, il faudra recommencer...

Raphael.

LE MACHU PICCHU - 23 mai 2006

Si "Paris vaut bien une messe", le Machu Picchu vaut au moins un texte! Ultime étape de notre trek dans les montagnes andines environnant le Salkantay, le Machu Picchu est le point de convergence d'un certain nombre de routes touristiques de tous genres, qu'elles passent par la montagne sacrée du Salkantay, les anciennes voies incas, ou par la ligne de chemin de fer touristique et les chaînes d'hotels chics de Cusco. Pour tout voyageur qui décide de se rendre au Pérou, le Machu Picchu est incontournable. C'est d'ailleurs le site le plus visité d'Amérique latine.

Le dernier jour de notre trek, nous quittons donc à 5H00 le village d'Agua Calientes, au pied du piton, pour une marche éprouvante d'une heure et demie, à gravir les hautes marches de pierres qui mènent au site inca, perché au sommet du Machu Picchu à 2400 mètres.

C'est l'aube, l'heure où blanchit la montagne. Les masses rocheuses avoisinantes se détachent de la nuit et apparaissent comme d'immenses vaisseaux fantômes qui emmergent d'un océan de brumes, offrant un spectacle saisissant.


Quelques vieilles pierres et les premières ruines annoncent l'arrivée sur le site. Les brumes semblent le protéger pour quelques heures encore, conférant au lieu tout son mystère, entre ciel et terre. Premier apercu...

Après les explications de notre guide, le mystère demeure entier (d'autant plus, aurais-je envie d'ajouter) sur ce site et la fonction qu'il occupait avant les invasions espagnoles. On a tout lu et tout entendu, du monastère dédié aux vierges du soleil (sur la centaine de squelettes retrouvés sur le site, seuls 13 étaient des squelettes d'hommes), à la cité-refuge de l'Inca, en passant par l'université pour les élites du royaume... Qu'importe, nous déambulons entre ces ruines, au fur et à mesure que le soleil, autorisé à pointer son rayon, nous révèle chacune d'entre elles.

Guide silencieux sorti de nulle part, comme déposé par les brumes, un lama fait irruption dans le décor. Son regard sombre et impérieux nous porte a croire que ces camélidés sont peut-etre les véritables maîtres des lieux.


Toutes sortes d'interprétations mystiques sont lancées au sujet de cette ville perchée, et de la forme qu'elle prend, selon qu'on la regarde de tel ou tel sommet: condor, puma ou serpent, les trois animaux utilisés par les incas pour symboliser trois états fondamentaux ou trois étapes de la vie: le divin et le ciel, l'humain et le terrestre, et la mort, enfin. Pour vérifier cela, nous entrepenons l'ascension des pentes vertigineuses du Huayna Picchu, sommet surplombant et offrant une vue imprenable sur le site inca du Machu Picchu.

Avant de quitter les lieux, nous leurs jetons un dernier regard. Si les brumes se sont dissipées, le Machu Picchu garde avec lui tout le secret d'un lieu chargé d'histoire et de mystères sacrés.

Raphaël.
TREK SALKANTAY - 19 au 23 mai 2006

Le Salkantay, mont situé a 6264m d’altitude a été surnommé « la montagne magique » Il se dresse dans la cordillère Vilcanota et c’est un lieu extraordinaire d’où l’on peut avoir une vue panoramique de Machu Picchu. C’est le point culminant d’un circuit de trekking qui combine, avec une magnificence sans égal, un cadre naturel de grande beauté avec l’intérêt représenté par les vestiges préhispaniques les plus importants du Pérou : le Machu Picchu et les chemins Inca.

Jour 1: CUSCO - SILCACANCHA - SORAYPAMPA. Nous quittons la capitale Inca a 05h00 du matin en bus vers le village de Mollepata ou nous faisons la rencontre avec nos mulletiers et toute l'equipe du trek: un couple de francais en voyage de noces, 5 danoises, 1 israelienne et une hollandaise. Nous commençons notre marche vers 10h30 du matin. Les quelques montees abruptes definissent rapidement la place de chacun dans la cordee. Plus clairement: je suis la derniere (comme d'habitude) avec un francais fumeur et l'israelienne qui a des crampes au ventre!! 6 heures de marche environ jusqu'a notre campement a Soraypampa au pied du majestueux Salkantay (6264m). La temperature a chute d'une dizaine de degres depuis notre depart. La nuit est terrible malgre les trois couches de chaussettes, les collants de concerts, gants en poils de lamas et chapeaux peruviens. Vive les couvertures de survies achetees preventivement en cas d'urgeance. Merci "Camping Relax"!!!
Jour 2: SORAYPAMPA – ARRAYANNIYUCA. Nous nous préparons pour la journée la plus difficile du trek. Nous passons sur le coté gauche du glacier Humantay, cote a cote avec le glacier Salkantay. Le paysage magique se merite car chaque pas necessite le peu d'air qu'il reste encore dans nos poumons. A 12h00, nous franchirons le passage le plus haut à 4650m d’altitude. La cordee de disloque de plus en plus et notre fumeur francais termine la montee du pic a dos de mullet. Apres le col, pause déjeuner et détente pendant une heure avant de reprendre 2 heures de marche en descente. Curieusement, dans la descente, la cordee s inverse, me voila en tele de ligne fraiche comme un cabris avec tout pres derriere mon amoureux et l'israelienne pour qui les crampes se sont doucement attenuees! Nous arrivons au campement à Arayanniyuc (3400m) apres 7 heures de marche.




Jour 3: ARRAYANNIYUC – WINAYPOCO - LA PLAYA. Cette journée de marche sera inoubliable tant la variété de la végétation est surprenante. Nous poursuivons notre descente dans les Yungas (foret intermédiaire entre la Sierra et l’Amazonie). Les premiers moustiques commencent a piquer provoquant chez chacun de nous des plaques rouges-mauves, gonflees, gratouillantes. Bref, une espece d'insecte etrange propre a la region! Encore plus etrange pour moi qui suis en general le met favori des moustiques, cette fois, c'est raf qui a tout pris! Je me suis meme demande a un moment s'il n'avait pas la varicelle.... sans exagerer! Nous suivons ensuite le Río Santa Teresa, foret tropicale ponctuee de diverses variétés d’orchidées et de plusieurs cascades. Nous arrivons à notre campement à La Playa: parking glauque et delabre.Une bonne petite brasse dans les eaux thermales pour se decrasser et detendre les mollets nous preparent a une nuit etouffante dans les chaleurs tropicales.


Jour 4: LA PLAYA – LLACTAPATA – HYDROELECTRICA - AGUAS CALIENTES. Nous marchons en direction des ruines archéologiques de Llactapata ou nous passons un col à 2950 m. La traversee d'un fleuve dans un petit cageot actionne sur un simple cable ne fut pas sans emotions surtout lorsque avant de mettre le pied dedans, nous avons apercus dans le precipice, quelques croix, commemoratives des victimes... Descente vers la centrale hydroélectrique pour suivre les rails du train pendant trois heures. Effet hypnotisant et un peu ennuyeux. Il faut etre prudent car les trains previennent a peine de leur arrivee. On pourrait etre mechamment surpris!!! La vue sur la montagne de Machu Picchu et les autres montagnes environnantes nous donne deja l'eau a la bouche. Finalement, nous arrivons dans la ville ultra-touristique d'Aguas Calientes au pied du Machupichu. Attrape-touristes, multitude de petits restos allignes nous sortent brutalement de notre marche en solitaire. Il faudra pourtant bien s'y faire...

Jour 5: Lever a 4h du matin pour gravir encore dans le noir les centaines de marches datant de l'epoque Inca qui nous menent au lieu mythique. Apres avoir tire la langue et souffle comme des boeufs pendant des jours, la recompense est de taille!

Nathalie.

CUSCO, COEUR DU PEROU INCA - 15 mai 2006
Une semaine avec la famille Vargas-Guiterrez

Cusco nous surprend par sa majeste: c'est sans conteste l'une des plus belles villes de notre tour. La ville et ses nombreux domes prend facilement des allures de Florence, ou d'une autre ville de l'Europe mediterraneenne. Mais malheureusement, ici comme a Florence d'ailleurs, le tourisme fait des ravages, et il est bien difficile de se promener dans le centre sans etre interpelle toutes les 2 minutes, pris pour deux porte-monnaies ambulants!

Une fois n'est pas coutume, quelqu'un nous attend ici, dans cette troisieme ville du Perou et ancienne capitale Inca: Michele, 11 ans, filleule de Nathalie rencontree lors de son dernier voyage au Perou il y a six ans. Les retrouvailles sont emouvantes, meme si le temps a efface des memoires le souvenir des visages de chacun. "Je ne te reconnais pas, je vois defiler tant de touristes tous les jours!!", nous dit Elias, le pere de Michele, venu nous rencontrer lorsa du rendez-vous donne sur la place centrale. Cette place, Elias la connait trop bien, pour tenter d'y vendre tous les jours des charangos (guitare andine) aux touristes de passage.
La famille de Michele nous accueille bras ouverts. La maison s'est aggrandie depuis la derniere fois, douche, WC, eau courante: un debut de confort, meme si on est encore bien loin du luxe... Situee dans les quartiers pauvres de Cusco, la maison est perchee dans les hauteurs de la ville, loin des restaurants et magasins chics du centre touristique. Le brossage de dents matinal nous offre la vue sur la vallee et les montagnes de la cordillere des andes.

Notre sejour ici offre a Nathalie la possibilite de faire plus ample connaissance avec sa filleule, mais aussi de pouvoir constater que l'argent envoye tous les ans lui permet de faire partie de la meilleure ecole de la ville. Nous sommes ebahis d'assister a la fete de l'ecole... tout un univers de parades et defiles en costumes colores, guirlandes et banderoles qui nous sautent au yeux! Les peruviens nous confirment que leurs ecoles, ainsi que la societe peruvienne plus generalement, sont bien preoccupees par l'organisation d'un certain nombre de ceremonies comemoratives en tous genres!
La petite semaine passee dans la famille de Michele nous permet egalement d'avoir quelques discussions importantes - et difficiles - sur l'argent. Delicat mais indispensable d'aborder le sujet. Le fosse de la difference de culture et du milieu social est un barrage contre lequel il faut sans cesse lutter pour tenter d'avoir une relation un tant soit peu authentique.
Les adieux sont des "au revoirs"... echanges de cadeaux, de bises et de promesses. Elias insiste pour que je vienne la prochaine fois avec tous mes freres! De son cote, Bertha, la maman, parre Nathalie de ses plus belles tuniques pre-colombiennes, le tout sur un fond sonor de Condor pasa!


Raphael.

15 mai, 2006

SUR LE CHEMIN DE LA TARCA - 10 mai 2006

Tout a commence a Potosi, petite ville Bolivienne perchee dans les hauteurs andines a 4100 metres d'altitude. Au 18e siecle, Potosi etait une des villes les plus importantes d'Amerique latine, les conquistadors y avaient trouve une gigantesque mine d' argent.

Nous avons eu la chance d'y rencontrer Enrique Godoy, un facteur d'orgue, qui nous aiguille rapidement sur la personne d'Arnaud Girard, musicologue belge habitant la ville depuis une quarantaine d'annees. Arnaud Girard centre son travail de recherche sur toutes les flutes droites des Andes, et tout particulierement sur la "Tarca", flute des minorites. (cf photos)

La tarca se joue de maniere un peu particuliere. On n'y souffle pas comme dans une flute a bec!! La technique de cette flute necessite beaucoup plus de pression dans l' air afin d'obtenir le "tara", battement dans le timbre qui vient se nicher dans le multiphonique strident. La tarca se joue toujours en " tropa": groupe de 6-8-12-16-24 personnes suivant l'importance de l'evenement, qui font sonner ces instruments en mouvements paralleles (doigtes identiques) a la quarte, quinte, tierce et octave en meme temps!

Arnaud Girard nous fait visiter sa caverne d'Ali baba qui recele des centaines de tarcas de tailles differentes rassemblees en tropas. Raphael, excite comme un enfant, se dirige immediatement vers l'etallage des guitares qu'il gratouille unes par unes.
Arnaud nous recommande un village non loin des rives du lac Titicaca appele "Wapata Grande", dans lequel vit 300 habitants, chacun d'eux construisant et jouant des flutes andines. Le responsable de la cooperative s'appelle Esteban Uri. Cette information ne tombe, bien sur, pas dans l'oreille d'un sourd, et il nous faudra absolument decouvrir ce lieu unique...

Deux semaines plus tard, et apres l'episode du festival de Chiquitos et du tour avec les parents de Raf, nous est offert la possibilite de nous rendre sur place. Le lieu recule n'etant pas deservi par les transports en commun, c'est en jeep que nous ferons alors notre expedition accompagnes par Rene, le chauffeur.

Nous avancons lentement sur les routes escarpees de la montagne, les petits villages defilent sous nos yeux mais nous grimpons toujours plus haut pour finalement voir se dessiner au loin le petit village de Wapata Grande sur fond de lac Titicaca.

Notre arrivee dans le lieu tant attendu n'est pas tres triomphant: pas une ame qui vive, ni dans les ruelles, ni dans les chaumieres! Tout juste un chien galleux et un lamas ebouriffe... Un peu plus bas tout de meme, un petit garcon se bat pour essayer de ramener deux mullets tetus au village. L'un d'eux, paresseux, decide de rester sur place pour un temps indetermine, tandis que l'autre beaucoup plus agite et fourbe joue a cache-cache derriere les huttes en terre.

Rene lui demande en quechua (langue de la minorite) ou sont les habitants du village. C'est le jour de la recolte des patales douces sur le plateau. Une jeune bergere qui passe par la, les tresses au vent et le panier a la main, nous propose de nous conduire a l'endroit de la recolte. Elle prend place a l'avant du vehicule et diffuse instantanement dans la voiture une odeur nauseabonde... (un savant melange de lait caille et de poulaille pour ceux qui souhaiteraient la reconstituer).

Une fois arrives sur la plateau reste a trouver notre homme... Le tableau offert par tout le village present sur cette enorme superficie est saisissant! Toutes les petites touches de couleurs disseminees au pied d'un pic enneige retournent leur perimetre de terre attribuee.

Apres etre passes d'une famille a l'autre, nous arrivons finalement a celle d'Esteban Uri que nous embarquons illico dans le taxi.

Nous filons immediatement avec lui a la cooperative ou, en raclant les fonds de tiroirs, il parvient a reunir tant bien que mal 4 flutes andines poussiereuses dont deux inachevees et une sculptee en totem Inca destinee aux touristes...

J ai un peu honte de vous avouer que j ai opte pour celle-la!



Nathalie.